L’idée de populariser des transactions monétaires sécurisées décentralisées fut, à la surprise générale voire mondiale, lancée en 2009 par Bitcoin. Pour autant plonger dans Ethereum, afin d’en apprendre plus sur le concept même de la Blockchain, est une façon d’aller bien au-delà des seules monnaies numériques. Ses contrats intelligents révèlent le génie que cache un processus bien huilé, en tentant de marier à un système de contrat Turing-complete le pouvoir des transactions décentralisées. Les crypto-monnaies ont ainsi prouvé que, en cohabitation avec le système financier traditionnel, il était tout à fait envisageable de proposer un système de paiement alternatif.
Qu’est-ce qui fait la différence ? Depuis que Vitalik Buterin l’a présenté en 2014, Ethereum suscite un engouement sans cesse croissant, tout en s’adressant à un public de plus en plus large. Très souvent comparée à Bitcoin cette technologie en retire les principes, via des inscriptions dans la blockchain, surtout ceux d’une décentralisation. Si elle en dépasse les fondements, c’est qu’elle a intégré son propre langage de programmation interne. Ce qui permet que soient conçues une quantité illimitée d’applications décentralisées par les développeurs. Quoi qu’il en soit les deux monnaies ont connu, chacune à son rythme, une croissance rapide en matière de valorisation... c’est ce que nous allons étudier.
Parlons chiffres et croissance : Si en 2009 le Bitcoin (BTC) ne valait que quelques centimes, pour la première fois en octobre 2017 il dépassait la barre des 6000 dollars. Quant à l’Ether (ETH), la croissance de son cours fut pour le moins spectaculaire fin janvier 2016. Sa capitalisation enregistre dorénavant plus des 25 milliards d’euros. Sachant qu’il existe nombre d’autres crypto-monnaies qui ont également provoqué de l’enthousiasme, l’engouement pour Ethereum est semble-t-il sans commune mesure ni précédent. Celui-ci est en majeure partie motivé par les perspectives d’évolution des applications qu’induit sa technologie. On peut aisément imaginer n’avoir plus recours à des intermédiaires pour concevoir des places de marché.
Les objectifs et le but des ethers : Ne perdons pas de vue qu’ils ont été conçus, quand bien même nous pouvons spéculer sur leur cours, dans un autre dessein que celui de présenter une énième cryptomonnaie. Ils sont censé avant tout permettre de réaliser des règlements, dans le cadre de “smart contracts”. Mais ils servent également de rémunération aux individus qui, pour alimenter le réseau, amènent la puissance de calcul de leur machine. Ethereum fait en sorte que, pour la bonne marche de la chaîne, les développeurs construisent puis font exécuter des applications dites Apps (décentralisées).
Le rôle de la Blockchain : Avant de se pencher sur le fonctionnement de Bitcoin et Ethereum, il est indispensable de bien intégrer le concept de la technologie Blockchain. C’est une espèce de “Grand livre” où est consignée, pour reprendre certains termes comptables, la moindre transaction opérée depuis la création du réseau. Pas une n’échappe à son contrôle et toutes sont répertoriées, ce qui lui donne de l’ampleur au fil et à mesure du temps. Le résultat est fourni par le biais de blocs qui, de façon chronologique, linéaire et horodatée, viennent s’ajouter pour fournir des informations sur toute négociation réalisée sur le réseau. Nombre d’opérations transitent ainsi par la blockchain, avec des risques minima et une efficience accrue.
Qu’en est-il de Bitcoin ? Si l’imagination fertile de l’énigmatique Satoshi Nakamoto a fait naître le Bitcoin, ce fut avant tout pour répandre une monnaie qui ne serait pas émise par une autorité centralisée. Ce mode de financement virtuel avait pour objectif de répondre à un enjeu, où ses usagers pourraient bénéficier de frais de transactions à moindre coût. Comme il n’existe pas de bitcoins physiques, ce concept d’introduction d’une monnaie digitale fut l’objet de nombreux doutes, pourtant le système a toujours été protégé du piratage. Seule l’erreur humaine, perte de clé ou toute autre maladresse, et la défaillance d’une des plateformes d’échange furent cause de perte des bitcoins chez certaines personnes… jamais en raison d’une lacune imputable à la Blockchain du Bitcoin.
Que nous apportent l’un et l’autre ? Basés tous deux sur le principe de la cryptomonnaie, Bitcoin et Ethereum sont similaires dans l’ensemble ! Leurs transactions sont filtrées, grâce à un système se basant sur des preuves calculables, qui elles-mêmes engendrent une rémunération des “mineurs”. C’est en les observant mieux que les différences sont édifiantes, en termes d’applicatifs potentiels mais surtout dans la façon où la Blockchain est mise à profit. Son usage fait par Ethereum a de fortes chances, à plus ou moins long terme, de modifier lourdement le comportement de nos sociétés... quand Bitcoin a ouvert la voie en changeant notre façon de pouvoir échanger nos valeurs.
Possibilités d’applications Ethereum : C’est dans un environnement sécurisé, anonyme et sans aucun intermédiaire que les programmeurs peuvent exécuter leur code via Ethereum. Distribué au sein d’une plateforme nichée sur le “cloud”, son réseau fonctionne de façon totalement décentralisé et ininterrompue. Qu’un ou plusieurs de ses nœuds viennent à s’éteindre simultanément, aussitôt les autres se chargent d’accomplir les tâches qui lui incombent. Pour exécuter un code nul besoin de se porter acquéreur d’un serveur, il suffit d’acheter du “Gaz” pour récompenser la communauté en ethers. Ainsi en est-il des valeurs qui ne sont pas à connotations spéculatives, d’où la possibilité d’imaginer un nombre indéfini d’applications (ce qui n’est pas le cas de Bitcoin).
En résumé le côté intéressant de l’histoire serait de pouvoir observer l’adaptation de chacun face à des demandes concrètes : telles que des contrats auto-exécutants, des réseaux sociaux sans le moindre intermédiaire ou des plateformes de paris (qu’ils soient sportifs ou pas). Ethereum disposant de son propre langage de programmation, le “Turing Complete” sous-tend que tout et n’importe quoi peut être calculé dans son réseau. Disposer d’une puissance de calcul suffisante et d’avoir du temps à disposition est suffisant pour ce faire. Si donc Bitcoin et Ethereum adhèrent aux principes de la cryptomonnaie et du consensus distribué, techniquement ils diffèrent surtout par la complexité des applications pouvant en résulter.